Wednesday, 6 September 2017

Rappelle-toi Barbara ?

Window rain

Rappelle-toi Barbara ? 
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là 
Et tu marchais souriante 
Épanouie ravie ruisselante 
Sous la pluie 
Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest 
Et je t'ai croisée rue de Siam 
Tu souriais 
Et moi je souriais de même 
Rappelle-toi Barbara 
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas 
Rappelle-toi Rappelle-toi quand même jour-là 
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait 
Et il a crié ton nom Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras 

Rappelle-toi cela Barbara 
Et ne m'en veux pas si je te tutoie Je dis tu à tous ceux que j'aime 
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois Je dis tu à tous ceux qui s'aiment 
Même si je ne les connais pas Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas Cette pluie sage et heureuse 
Sur ton visage heureux Sur cette ville heureuse 
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal 
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara 

Quelle connerie la guerre 
Qu'es-tu devenue maintenant 
Sous cette pluie de fer 
De feu d'acier de sang 
Et celui qui te serrait dans ses bras 
Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant 
Oh Barbara 

Il pleut sans cesse sur Brest 
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé 
C'est une pluie de deuil terrible et désolée 
Ce n'est même plus l'orage 
De fer d'acier de sang 

Tout simplement des nuages 
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent 
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin 
Au loin très loin de Brest
 Dont il ne reste rien. 

Poem : Jacques Prévert, set by Joseph Kosma

( Do you remember, Barbara, how it didn't stop raining that day in Brest.  You were smiling radiantly, sunshine flowing from you, despite the rain.  I walked across the Rue du Siam, you smiled, and I smiled back. You whom I didn't know.  And on that same day, there was a man sheltering under a porch. He called your name "Barbara" and you ran towards him in the rain, glowing with joy and threw yourself into his arms.  I use the term "tu" (tutoyer)  though we've never even met.  I say that to those I care about even if I don't know them. Don't forget that wise and happy rain on your face in that happy moment, that rain by the sea by the arsenal, and the boat from Ouessant (in Brittany)

What did you know of the war that has come on us now,  when the rain pounds like gunfire of blood and steel, and he who held you lovingly in his arms - is he dead, missing or still alive ? It still rains non stop in Brest, like before, but it's not the same. Everything has changed. it's an abyss. It's the rain of a terrible, desolated shroud.  Not even the storm of steel and blood. Only the clouds, like roaming dogs, dogs who will disappear in that torrent pouring down on Brest, and will disperse in the distance, very far from Brest, of which nothing remains.) 

Clip below from the CD Joseph Kosma Chansons with Francois Le Roux and Jeff Cohen Decca 2000, reissued in 2016. Prevert and Kosma collaborated many times in art film - Les Enfants du Paradis, no less.  Kosma studied with Hanns Eisler, hence his interest in intelligent music for film, and art song.

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